les balades à vélo de Pierrot
Joyeux Noël
à toutes et à tous !
Connaissez-vous le col de l'Homme Mort ? Il est perdu dans la forêt domaniale de l'Aigoual, sur la montagne du Lingas. Cela ne vous dit toujours rien ? Son versant nord est accessible par la route forestière du Lingas qui relie le village de Dourbie au col du Minier, au sud de l'Espérou. Toutefois ce n'est pas celui-ci qui m'intéresse mais plutôt son versant sud-ouest.
Voici des mois que l'idée de le gravir me trotte dans la tête. En fait, cela date même du jour où j'ai découvert sur la carte routière du célèbre Bibendum auvergnat cette route marquée en pointillé rouge indiquant un parcours difficile ou dangereux selon la légende. L'examen détaillé des cartes de randonnée au 1/25 000ème m'apprend qu'il s'agit en fait de la route forestière (non revêtue) de la Barrière. Doucement, l'idée d'un superbe parcours sur la journée a germé dans ma tête. ll ne restait plus qu'à trouver le moment opportun pour cette balade.
C'est chose faite en ce dimanche 22 septembre 2013. Le temps annoncé par la météo semble idéal avec le soleil au rendez-vous, une température presque estivale et pas de vent. En plus, quelques jours de vacances au début du mois m'ont permis de faire de longues randonnées sur la journée et la forme est là. Ce dimanche matin, me voici parti de Mende en voiture dès 7h40 en direction de Meyrueis, point de départ de cette balade, avec le vélo et le pique-nique dans le coffre. Une heure après, me voici stationné sur le parking au bord de la Jonte où je me prépare. Avec un ciel découvert toute la nuit, la température est vraiment fraîche (8° seulement ; les jambières et brassières sont de rigueur d'autant plus que le départ se fait par route qui mène au Bout de Cote encore ombragée. Je ne suis pas le seul à profiter de cette belle journée : un club d'automobiles anciennes est en vadrouille dans la région et une trentaine de Mercedes me dépassent dans cette ascension. Au sommet, le soleil apparaît enfin, la température grimpe doucement (11°) sur la route qui mène au village de Lanuéjols.
Je poursuis mon chemin à travers le causse Noir par la RD 47 avant d'attaquer la descente dans la vallée du Trévezel pour atteindre le village de Trèves. C'est le moment choisi pour une première pause, sur le vieux pont qui enjambe la rivière. Si vous passez dans le coin, n'hésitez pas à faire un petit détour pour le découvrir en vous faufilant à pied ou à vélo (mais pas en voiture) dans les ruelles du village.
Après quoi, il me faut repartir et affronter la montée au col de la Pierre Plantée, sur le causse Bégon. Et comme la température continue à grimper tranquillement (17°), je quitte tous les vêtements chauds au profit d'une tenue plus estivale. Dès les premiers mètres de cette ascension, la pente s'élève assez vite surtout dans la première épingle. Et là, accroché sur un vieux clou rouillé coincé entre les blocs de roche du mur de soutènement, apparaît inscrit sur une feuille de papier le message «vas-y, PL» avec les initiales GD comme signature. De suite, cela fait tilt dans ma tête : au courant de la semaine, j'avais discuté de ce projet de balade avec ma collègue et celle-ci avait emprunté cette même route pour rendre visite à sa famille la veille. Pas de doute, ces encouragements me sont destinés. Merci, Giliane ! Ragaillardi, je poursuis l'ascension sur plusieurs hectomètres avant de découvrir accroché à un piquet de clôture un nouveau et ultime message : «allez, Pierre !».
En franchisant le col, me voici désormais dans l'Aveyron. Je descends tranquillement jusqu'à Saint Jean du Bruel en croisant de nombreuses voitures qui doivent certainement monter vers l'Aigoual. En quittant le village, me voici désormais en terre inconnue. Jusqu'à présent, j'avais déjà emprunté ce même itinéraire jusqu'à Saint Jean mais j'avais bifurqué sur la RD 114 pour remonter en rive gauche les gorges de la Dourbie. Aujourd'hui, je dois poursuivre vers le sud pour gagner le point de départ de la route forestière de la Barrière en passant tout d'abord par Sauclières en escaladant une nouvelle cote puis en rejoignant assez facilement le col de la Barrière, trois kilomètres plus loin sur la route départementale qui relie Le Vigan à l'autoroute A 75.
Me voici à nouveau dans le département du Gard et l'heure tourne. Midi est passé, je garde le pique-nique pour plus tard mais je profite quand même de la pause au sommet du col pour me ravitailler copieusement pour éviter toute défaillance dans l'ascension. Avant de repartir, je vérifie l'itinéraire sur la carte. Au départ du chemin, un panneau indique le col de l'Homme Mort à 12 km. Pas doute, je suis sur le bon chemin ! Dès le début, la route forestière s'avère assez caillouteuse mais comme elle est assez large (son gabarit est adapté à la circulation des voitures), il est possible de zigzaguer pour trouver le meilleur passage possible. Pour avoir auparavant pris ce type de routes forestières, ce n'est pas une surprise. C'est même pour cela que je n'ai proposé à aucun copain du club de m'accompagner car je suis le seul à rouler avec un vélo fait pour le voyage et non un vélo de course qui aurait probablement beaucoup plus souffert tout comme son propriétaire !
Dès que la pente s'atténue, les choses s'améliorent avec un chemin plus roulant ce qui permet de ne pas avoir les yeux rivés sur la roue avant et de lever le nez pour profiter des paysages superbes qu'offrent les très nombreux panoramas de cette ascension.
Sur cette première partie, le schiste règne en maître et la végétation se compose essentiellement de pins, de genêts, de fougères qui commencent à roussir en ce début d'automne et de quelques châtaigniers. Mais avec l'altitude, progressivement le granite prend le dessus et le paysage change radicalement : me voici maintenant à l'ombre d'une superbe hêtraie. L'arène granitique rend le chemin très agréable mais il faut quand même se méfier des affleurements de petits blocs rocheux. Environ un kilomètre avant le col, le chemin se détériore avec un dernier passage très caillouteux. La proximité du sommet me redonne des forces pour le franchir mais je commence à sentir la fatigue musculaire m'envahir au niveau des avant-bras et des épaules. Par chance, la suspension sur la tige de selle procure un certain confort tout de même…
Désormais, les hêtres ont disparu pour laisser place à des plantations de résineux. Après deux heures d'ascension, je voici enfin au col de l'Homme Mort, à 1303 m d'altitude. Pour le cyclotouriste équipé d'un VTC, ce versant du col n'est pas facile mais il mérite pleinement le détour pour la beauté des paysages traversés et les vues magnifiques qu'il offre sur les Cévennes. L'idéal est très certainement de le faire à VTT mais si vous ne chercher pas à faire le scratch, un VTC ou même un vélo de route avec de bons pneumatiques et de petits braquets vous permettra de vous régaler vous aussi.
Maintenant, ca y'est, j'ai vraiment faim ! Il me faut trouver un coin sympathique pour le pique-nique : le lac artificiel des Pises fera parfaitement l'affaire. Je le rejoins par la très tranquille route forestière du Lingas qui serpent dans la forêt domaniale de l'Aigoual puis via un chemin forestier qui m'amène au pied de la digue. Je m'installe à l'ombre des pins, assis tranquillement dans l'herbe pour savourer mes casse-croûtes. Ca fait vraiment du bien de se reposer un peu mais toutes les bonnes choses ont une fin et il faut penser à reprendre la route, Meyrueis est encore bien loin…
Je rebrousse chemin jusqu'à la route forestière du Lingas et continue jusqu'au col du Minier puis jusqu'à L'Espérou où je m'arrête au café pour boire un coup. Il est maintenant un peu plus de 16 h 30, je dois choisir mon itinéraire pour rentrer. Initialement, je pensais rentrer par le col Faubel pour rejoindre Camprieu puis le Bout de Cote. C'est le chemin qui offre le moins de dénivelée positive pour le retour. Mais le très beau temps persiste et comme j'ai essayé d' économiser mes forces en moulinant dans toutes les difficultés, il m'en reste encore un peu «sous les pédales». J'opte alors pour une option plus difficile : le passage par le mont Aigoual.
J'enfourche donc mon vélo et prend la direction du col de la Serreyrède. Je suis déjà passé plusieurs fois sur cette route, j'en ai souvent bavé mais aujourd'hui en moulinant bien, cela passe assez facilement d'autant plus qu'un enrobé tout neuf et parfaitement lisse permet de rouler sans aucun à-coup. En cette fin d'après-midi, les voitures sont très nombreuses à descendre dans les vallées mais il n'y a presque plus personne dans le sens de l'ascension. Une fois le col passé, je poursuis en direction du col de Prat Peyrot. Sur ma droite, la vallée de l'Hérault apparaît, je fais une courte halte pour profiter de ce panorama et de la table d'orientation.
L'enrobé tout neuf se déroule sous mes roues jusqu'au carrefour avec la route qui mène à la station de ski mais comme j'ai choisi de grimper par le coté sud, je retrouve l'ancien revêtement moins agréable. Comme la pente est maintenant plus faible, j'arrive à poursuivre l'ascension sur le même rythme. Quelques virages plus loin, j'aperçois enfin l'observatoire météorologique, il reste un dernier virage sur la gauche et me voici sur le versant nord du mont Aigoual. La vue sur les hautes vallées cévenoles, le mont Lozère au loin et les falaises calcaires du causse Méjean est parfaitement dégagée.
Dans ces derniers hectomètres, un couple de cyclotouristes qui attaque la descente m'encourage. Encore quelques coups de pédales et j'arrive à hauteur des pylônes de télécommunication, je tourne à gauche et me voici enfin sur le parking, au sommet. Le spectacle qu'offre l'Aigoual est toujours aussi magnifique avec, aujourd'hui, quasiment pas de vent (chose rarissime) et une température de 19° à 17h30 !
Il reste encore près de 25 km pour arriver à Meyrueis mais cela descend pratiquement tout le temps. Je me laisse glisser jusqu'à Cabrillac puis jusqu'au col de Perjuret en profitant pleinement des paysages fantastiques que m'offre cette randonnée (peut être la dernière grande balade de l'année). A partir de Perjuret, il faut être prudent car dans la descente sur Meyrueis, le revêtement est en mauvais état et très souvent bosselé ce qui fait sauter le vélo si l'on roule trop vite. A hauteur de Salvinsac, le soleil qui se couche éclaire les falaises du causse Méjean. Tout comme un touriste suisse qui a stationné son camping-car sur le bas-côté de la route, je m'arrête une dernière fois pour faire quelques photographies.
Quelques minutes plus tard, la balade se termine. Me voici revenu sur le parking en bordure de la Jonte, le compteur indique 114 km et 2 200 m de dénivelée positive. Il ne me reste plus qu'à ranger le vélo dans le coffre de la voiture et à rentrer à Mende, la tête pleine de souvenirs et avec l'envie de revenir pédaler sur le massif de l'Aigoual ! Nul doute que cet hiver je déplierai très vite les cartes routières pour rêver à d'autres randonnées toutes aussi belles.
© les balades à vélo de Pierrot - récit en date du .
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